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Appel à participation pour une programmation vidéo

Appel à participation pour une programmation vidéo avant le 15 octobre 2011.
Pour sa prochaine édition des rencontres des arts numériques, électroniques et médiatiques, Oudeis lance un appel à participation pour une programmation vidéo. Les pièces retenues seront présentées au cours d’une soirée de projection sur le festival, plus précisément sur la soirée du 15 décembre 2011 au Vigan. L’intention de commissariat est détaillée ci-dessous et les propositions doivent nous être envoyées avant le 15 octobre 2011.

Soit par courrier postal,  l’adresse suivante :

Oudeis. 1 rue de la Carriérasse. 30120 Le Vigan

ou par email : gaspard – AT – oudeis.fr

Jusqu’ici, tout va bien.

D’une société de la peur entretenue par l’idée du terrorisme, nous sommes passés au mode collectif de l’anxiété. La fin d’Oussama ben Laden marque un tournant de la période post-11 septembre dans une acmé médiatique qui veut faire oublier le marasme d’une guerre qui coûte symboliquement et économiquement cher. L’état de crise est passé par là. Elle est mondialisée, elle mobilise les attentions politiques et place les populations dans l’attente de conséquences sans qu’elles puissent véritablement préciser les causes, désigner des responsables et exiger réparation. La crise est moins assimilable à une guerre qu’à une épidémie : invisible, elle est partout et peut se manifester de bien des manières. Subissant un quotidien précarisé par les crises successives, nous vivons dans l’attente de catastrophes nouvelles : naturelles, écologiques, sanitaires, économiques, politiques, etc. Pas de fuite possible, pas d’échappatoire et un sentiment d’impuissance conduisent à envisager le futur comme une idée inquiétante et incertaine.
Jusqu’ici, tout va bien. Les maux sont connus mais les symptômes ne sont pas encore suffisamment forts pour interrompre le quotidien. Le calme avant la tempête…
Que faire alors en attendant ?

Il y a la possibilité de jouir le plus longtemps possible d’une vie “moderne” – donc privilégiée – en utilisant tous les moyens mis à disposition par la société. Il y a aussi la possibilité de prendre en compte les projections et les intégrer comme facteurs dans nos choix de vies, ceci étant valable pour ceux en mesure de faire ces choix. C’est alors un pari d’anticipation : construire une maison en hauteur et non au bord de la plage pour échapper à la montée des eaux, consommer toute sa vie des compléments alimentaires pour lutter contre le cancer, forer un puits, ne pas mettre tout son argent à la banque, prendre des cours de tirs, savoir allumer un feu, faire des provisions, reconnaître les plantes comestibles des toxiques… L’anxiété est consommatrice de mesures : de réconfort ou d’action. Dans une telle période, l’immobilisme peut laisser la place à une agitation soudaine et excessive. Elle cède à des moyens de défense imposés par une urgence impérieuse à réagir. Quelles soient rationnelles ou irrationnelles, des stratégies se mettent en place pour faire face à cette société anxiogène : mouvements néo-rural, anti-nucléaire, contestataire, alternatives médicinales, autonomistes, etc.

Jusqu’ici, tout va bien est une sorte de mantra pour que le moment présent dure le plus longtemps, que le temps ralentisse. Se rassurer pour conserver son sang-froid tout en ayant conscience de l’inéluctable effondrement vers lequel nous affluons. Il n’est pas sans ironie non plus de se remémorer : “La Haine” de Mathieu Kassovitz, mettant en lumière la ghettoïsation des cités et la déconsidération de sa jeunesse et dont la phrase introduite en ouverture et fermeture du film reprenait ces mots : “Jusqu’ici, tout va bien. Mais l’important, ce n’est pas la chute. C’est l’atterrissage.” Paradigme de notre société, le film préssentait une violence latente, pouvant exploser sans pour autant se fonder sur un terreau idéologique ou politique, à l’instar des mouvements radicaux des années 70-80 . Depuis 1 1995, de nombreuses émeutes en banlieue se sont déclenchées, se répendant à travers les pays et mettant en échec les autorités à les contrôler. Les clivages entre les classes s’amplifient et la crise généralisée n’a fait que cristalliser, exemplifier, pointer un malaise devenu trop présent pour en détourner seulement le regard. Or, le temps est de plus en plus véloce, les catastrophes s’enchaînent plus rapidement, plus puissamment encore avec les flux médiatiques et technologiques, ne laissant que peu de répit et donc de recul pour faire face à une anxiété montante. Les scenario catastrophes, sombres mythologies, dystopies et eschatologies refont surface pour alimenter un fantasme généralisé teinté de complaisance, voire de masochisme.

C’est inéluctable, nous fonçons dans le mur. Envisageons le pire…
Les doctrines se font plus dures. Il est aisé d’y plonger car elles interviennent en contremesure d’un climat délétère. Sous le régime du consensus, il est donc plus simple de contribuer au régime global et accepter la catégorisation par ce qui fait évidence : le genre, l’origine sociale, raciale ou religieuse. On ne s’identifie plus par son territoire, sa nation ou sa langue, ce modèle est désormais obsolète. On se scinde en tribus ; on agrège des usages, des savoirs, des façons d’être spécifiques qui nous déterminent quasi définitivement. Nous en faisons l’expérience quotidiennement, l’ardillon s’enfonce toujours. La malléabilité est une qualité recherchée, la polyvalence par contre ne l’est pas. Ce qui vous a constitué précedemment, ce qui relève de votre expérience vous identifie. La projection de quelque chose d’autre, l’improbable, l’hypothèse sont écartés car ils complexifient notre intégration. Y déroger reste inenvisageable. Informaticien et maçon ? Choississez l’un des deux. Rural et urbain, pas possible ! Humaniste et individualiste, contresens. Nombreux sont ceux, alors, qui adoptent volontiers un modèle uniforme et intégrable. L’autoreprésentativité intervient dans ces jeux d’identificationde façon simpliste. Tout ou rien. C’est dans une logique implacable d’inclusion, a contrario d’exclusion, que l’on voudrait définir le progrès.
Or, c’est sans doute une conception trop binaire et fausse qui se présente. À cela, nous préférons nous réferer à ces mots de Claude Lévi-Strauss :

  • “ en plaçant hors du temps et de l’espace le modèle dont nous nous inspirons, nous courons certainement un risque, qui est de sous-évaluer la réalité du progrès. Notre position revient à dire que les hommes ont toujours et partout la même tâche en s’assignant le même objet, et qu’au cours de leur devenir les moyens seuls ont différé. […] Les zélateurs du progrès s’exposent à méconnaître, par le peu de cas qu’ils en font, les immenses richesses accumulées par l’humanité de part et d’autre de l’étroit sillon sur lequel ils gardent les yeux fixés ; en sous-estimant l’importance d’efforts passés, ils déprécient tous ceux qu’il nous reste à accomplir. […] Rien n’est joué ; nous pouvons tout reprendre. Ce qui fut fait et manqué peut-être refait. L’âge d’or qu’une aveugle superstition avait placé derrière [ou devant] nous, est en nous.”

Jusqu’ici tout va bien, posera donc la question d’une société anxiogène et des réponses que les artistes tentent d’apporter à un environnement qui se fait menaçant. Le propre de l’artiste étant la création, il sera moins question d’immobilisme que de prises de position, de réflexions ainsi que de propositions pour répondre à nos angoisses au présent et au futur.

1.Brigades rouges en Italie, Action Directe en France, Fraction Armée Rouge en Allemagne
2. Claude Lévi-Strauss, “Tristes Tropiques”, p.470-471. ed.Pocket 2 009

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