Visionsonic, un festival à l’ouïe et à l’œil

de MARIE LECHNER
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Pour sa troisième édition, le festival Visionsonic, qui explore les multiples combinaisons entre image et son, s’étale sur près d’un mois entre Sèvres, Saint-Ouen, Paris et Créteil. Juste ce qu’il faut pour rendre compte du foisonnement de pratiques parfois regroupées sous le nom de live cinema.

Festival rafraîchissant, Visionsonic ne se limite à aucun genre, naviguant entre metal et pop, rock’n’roll et noise, torture de projecteur 16 mm et images numériques génératives, cinéma d’objets et road-movie graphique, mariant high et low-tech dans un même élan cinésonique.

Samedi, à Mains d’œuvres, à Saint-Ouen, étaient réunis sous un même toit des spectateurs qui, d’ordinaire, ne se croisent guère. Ceux amateurs du sombre Letton Error improvisant ses drones live sur les images hypnotiques d’un visage déformé à l’extrême. Et ceux, juvéniles, venus s’étourdir sur la symphonie electro «no future» de Koudlam, épousant les images d’apocalypse du plasticien Cyprien Gaillard, un duo plus coutumier des musées et galeries d’art que des salles rock.

Fricoter. Le festival a débuté en toute logique à la Générale en Manufacture, mi-octobre, repaire des Pixels Transversaux et de Yro, artiste à l’origine de l’initiative. Lorsqu’il quitte le Berry pour retourner à Paris, Yro, 30 ans, investit un atelier qu’il ouvre aux artistes travaillant comme lui sur des œuvres audio-vidéo. Vint tout naturellement l’envie de présenter ces productions au public, d’où le lancement de Visionsonic, qu’il coprogramme avec Robin Kobrynski. Créateur du label audiovisuel V-Atak, plus versé dans le breakcore et les expérimentations punk underground, Robin, tout comme Yro, est soucieux d’éviter les ghettos.

Issu du spectacle de rue, Yro s’est d’abord mis à bricoler avec des projecteurs de diapos et du super 8 avant de fricoter avec les ordinateurs et de créer ses propres outils. «J’ai fait quelques performances audiovisuelles avec un ordinateur et une souris. Mais je m’ennuyais. Je voulais fabriquer quelque chose en direct sur scène. J’aime l’imperfection, les accidents, comme dans les performances Fluxus.» Ce soir, il présente à la MJC Mont-Mesly, à Créteil, avec les musiciens SATI, Inside the Black Box,«un cinéma des objets» qui s’organise autour d’une boîte noire, truffée d’électroaimants, délivrant des objets divers manipulés sous la caméra. Comme souvent chez Yro, la technologie se fait discrète, s’effaçant derrière les images oniriques créées live. Dans son précédent spectacle, Asynthome, le plasticien, associé aux Allemands de Transforma, faisait bouger des papiers découpés, de l’encre, un néon, une baudruche sous l’œil des caméras ; des images filmées et montées en temps réel sur l’écran, derrière eux, créant de surprenants paysages abstraits à (re)voir le 30 à Créteil.

Pellicules en feu. Visionsonic s’installe cet après-midi au centre Madeleine-Rebérioux, complice depuis les débuts, avec des spectacles pop et jeune public. Puis occupe la semaine prochaine une ancienne imprimerie dans le XIXe arrondissement qui accueillera l’installation-performance d’un couple de designers. Un travail sur le texte et la typographie à partir de mots issus de vieux dicos de médecine. Poésie encore avec les guitaristes de l’extrême, Erik Minkinnen et Koonda Hoola, lectures en sons et en images par deux romanciers et pellicules en feu sur la noise brutale de Metalking.

Le festival s’achève au centre Fleury-Barbara avec du metal, du vinyle rayé, et l’Odyssée animée de Rick le Cube.

Jusqu’au 7 novembre en région parisienne. Rens. : www.visionsonic.org