(Anglais : Network)
Un réseau informatique peut être local (sa taille est relativement réduite et il relie, le plus souvent grâce à des câbles, plusieursordinateurs et périphériques à l’intérieur d’une entreprise) ou élargi (réseau longue distance). Il permet la transmission de tout type de données, échangée sous forme numérique et exploitable par l’ensemble du système relié en réseau. Pour administrer un réseau, un ou plusieurs ordinateurs ont le rôle de serveur.
Au commencement était le réseau, Nathalie magnan.
Avec l’arrivée d’Internet dans nos vies, dans les années 90, le mot “réseau”, est devenu un mot-clé, indispensable pour décrire toutes sortes de choses à propos de notre existence : des réseaux terroristes, qui font trembler le 20 heures, aux réseaux électriques, dont l’interruption plonge dans la nuit des états entiers, des réseaux d’influence aux réseaux de distribution… Délocalisation, déterritorialisation, organisation à distance et globalisation n’existaient pas sans “les réseaux”, nouvelle forme d’organisation technique, sociale, culturelle et politique dont les artistes s’emparent.
Comme dans toute avancée technologique, il y eut un moment utopique: on pensa le potentiel de la digitalisation des données et de leur circulation en réseau et l’avènement d’un monde meilleur (Reinghold, Lévy, Ascott), une solution magique à tous nos problèmes. Simultanément son pendant dystopique (Virillo) annonçait des catastrophes en séries.
Peu de gens alors pratiquaient Internet. Les analyses se basaient sur les propriétés techniques inhérentes au réseau, essentiellement son organisation décentralisée. Celle-ci a une double origine: militaire, un mode de communication qui ne peut faillir, les dysfonctionnements étant pris en compte dans la conception même du réseau, l’information passe de point en point, autonome, horizontale, sans contrôle central ; scientifique : l’élaboration du savoir nécessite la mutualisation des ressources et un réseau ouvert, avec des auteurs qui travaillent, de manière collaborative, à distance. Se construisait aussi, dans et hors de ces réseaux, un maillage alternatif, celui des hackers, figure mythique du net, personnage contradictoire de pirate, supposé terroriste, au réel virtuose pour qui l’information est libre, l’autorité questionnée, et dont l’habileté technique “teste” les systèmes.
Le point de vue de Dieu, la structure hiérarchique, le paradigme du contrôle vertical, apparaissaient comme un mode d’organisation du passé. Joli rêve, issu à la fois de l’esprit libertaire, de l’esprit scientifique et de l’esprit militaire, qui, avec l’arrivée du commerce sur Internet en 1993, se voit supplanté par un néo-libéralisme rapace. (Barbrook)
Avec l’effondrement de l’économie des dot-com, le point de vue dystopique semble l’emporter: le contrôle est remplacé par des systèmes de surveillance, plus ou moins fonctionnels, nous avons à faire face à une techno-répression opérée par les Etats et justifiée par les besoins du commerce. Le net est de plus en plus bridé: aller faire son shopping, descendre des informations ne coûte rien, et on a pas besoin de beaucoup de bande passante montante pour appuyer sur le boutton “j’achète”, en revanche on s’apprête à taxer la bande passante montante, donc taxer ceux qui produisent et partagent de l’information non-commerciale; tandis que les échanges directs entre utilisateurs (peer to peer) sont suspects.
Or un réseau est une forme complexe, limiter son sens à ses propriétés techniques ne rend pas compte de la multiplicité de ses utilisations, ni de sa dynamique propre liée aux relations complexes entre les humains qui configurent ces réseaux, conçoivent les machines, les économies et les cultures dans lesquelles humains et machines sont inscrits ensemble.
Artistes et hackers activent des systèmes de résistance: œuvres collaboratives qui remettent en question la notion d’auteur, œuvres qui s’opposent à la privatisation du net (Etoys vs etoy), œuvres critiques des systèmes de surveillance (Carnivore), mise en place de licences copyleft (creative commons) permettant la libre circulation des contenus sur un modèle proche de celui brillamment mis en place par les logiciels libres, organisation de stratégies de résistance au niveau mondial (en ligne et dans la rue), création de réseaux wifi, sans fil, autorisant la transmission de données hors des réseaux commerciaux, nombreux projets utilisant les réseaux électroniques et associant pensée créatrice et critique avec les savoir-faire. Plus d’utopie ni de dystopie, ces pratiques ouvrent de nouvelles options : nous configurons nos réseaux avant d’être configurés par eux.
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